Peinture murale église Saint Laurian Nançay

La peinture murale peut être regardée telle une pièce de théâtre, nous sommes sur scène, acteur, c’est notre regard porté sur elle qui anime, donne vie à la scène unique… dans l’instant… Notre présence au milieu de tous ces personnages. En fond de mur apparaît le décor sur sept grands lès de tissu, en cours de tissage et qui se déroulent devant nous comme un parchemin qui raconte une histoire qui a commencé il y a bien longtemps…

Le ton est donné, nous sommes dans le monde du tissu, du tissage et nous sommes tissés dedans ! Le mur du vitrail, c’est la Création qui est représentée, notre environnement naturel, l’écrin de nos vies… D’ailleurs central, la vie est là, portée dans les eaux maternelles, elle semble nous regarder, serait-ce un face à face avec nous même, avec notre humanité, ou Dieu lui-même qui montre toute sa fragilité. Deux grands arbres nous abritent de la vision trop brutale de l’immensité du cosmos. L’un à gauche, le ginkgo biloba, l’arbre fossile qui a résisté à la bombe Hiroshima. Il introduit le monde de la cité, la sédentarité et du christianisme, mur de gauche face à l’autel. L’autre à droite, le palmier dattier, premier arbre cultivé par l’homme. Il introduit le désert, le nomadisme et l’islam, mur de droite où se trouve l’autel.

Le monde la cité, et le nomadisme je vous les laisse découvrir… Les détails vous parlent de deux mondes fragiles où l’homme agit. Ils ne s’opposent pas, mais se complètent. Pour s’imprégner du décor et le faire sien transformez votre regard en boule de flipper et faite le rebondir sur les murs… Nous sommes dans un même univers, tout se mélange, nous sommes au cœur de notre humanité. Les personnages vus à notre niveau sont les plus proches de nous, la Bible est bien là présente, elle nous colle à la peau et les personnages enfermés dans le Livre sortent du Livre et viennent à notre rencontre… Nous les rencontrons dans notre vie, aujourd’hui : Vous reconnaîtrez Adam, Eve et Marie, Caïn et Abel, Abraham, Sara, Agar, Ismaël et Isaac… En quittant le sol natal nous partons avec d’autres personnages, qui semblent s’éloigner de nous… Des étrangers dans leurs habits de lumière. J’aime les gens du voyage !

Ils sont la part de moi-même qui ne s’exprime pas et si cet autre était une partie de nous-mêmes. Nous avons tous en nous la nostalgie du voyage non accompli… Avec eux, mais pas sans eux nous cheminons vers la lumière de la verrière, où nos destins se croiseront… Les êtres sortent du vitrail, ne se tiennent plus debout, leurs mains se fondent dans la Création, enveloppés de vêtements vaporeux, dénudés de papillons ils se rapprochent des portes du ciel… Des clés de lectures sont à découvrir en dehors de la chapelle, errez dans l’église elle-même, réappropriez-vous ce lieu et vous trouverez ! Une image, chaque être la lit avec ce qui l’est et je ne donne ici que des pistes pour se perdre en elle, et pour que votre imagination vienne vous chercher, là où vous êtes.

Le fil formé par le temps, qui lie passé et futur, tisse une œuvre projetant l’individualité dans l’universalité.