Pourquoi nos histoires sont-elles racontées ?

Penser l'humanisation chrétienne, comme artisanat

Atmosphère créatrice...Poussière d'Écritures.

Humble instrument ménager en apparence, le balai, fruit de la Création et du travail des hommes est mon bâton d'aventure. J'aime la sobriété de l'outil, sa discrétion, l'humilité du geste et l'hunivers qu'il m'a fait découvrir: la Poussière. "Ta descance deviendra nombreuse comme la poussière du sol, tu déborderas à l'occident et à l'orient..." (Genèse 28-14). Le balai m'a ainsi fait pénétrer dans l'église, un lieu à part, où le temps semble reprendre son souffle. Le silence habite l'espace et laisse pourtant entendre les bruits du dehors, la lumière perse la pierre à coups de couleurs... La pratique hebdomadaire du balayage avant les célébrations me fait découvrir le cycle de la liturgie. Ce geste régulier donne une stabilité au temps. Je découvre un espace minéral très différent des autres, stable également, édifié par la main de l'artisan... Comme un aimant, je suis attirée dans sa profondeur : le Mur se présente à moi. La lumière qui passe dans la verrière vient révéler le Temps, l'Espace, la Distance... pour la Rencontre ?

L'Esprit, en balayant, m'a soufflé un projet voilà quatre ans, d'enrichir mes outils de brosse et de pinceaux pour peindre dans l'église de Nançay sur les idées suivantes : le monde du tissage et du métissage, le tissu comme symbole de l'harmonie, de la création et du lien. Nous sommes tissés dedans comme dans toutes nos Histoires racontées depuis la nuit du commencement... Penser l'humanisation chrétienne, comme artisanat... Après la lente gestation de la réflexion, des autorisations, les esquisses de départ, après avoir montré les motivations et la grande maîtrise de la chose... il faut commencer ! Alors que l'on ne maîtrise rien...

Comme une grande traversée en solitaire, peindre dans une chapelle révèle en son sein de belles et de moins belles surprises. Il faut vaincre l'apesanteur, trouver un échafaudage, dépasser ses peurs et ses doutes, se hisser sur le plan spirituel, dans de longues discussions avec le prêtre de la paroisse. Le vertige est grand et le temps semble s'étendre, je sollicite le Diocèse et notre Évêque pour suivre trois belles annéees nourricières à l'institut catholique de Paris (l'Institut Supérieur de Théologie des Arts). Les années passées à peindre dans la chapelle semblent m'enfermer dans un cocon pour créer le fil d'une écriture imagée, celle de mon histoire et des histoires qui relient chacun de nous au Créateur.